Portrait de Sarah Dellière : de l’hosto au labo, une scientifique sans frontière !
- severinebonnet6
- 3 juil.
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Déterminée, optimiste et aventurière, Sarah Dellière aime sortir de sa zone de confort pour vivre de nouvelles expériences et aiguiser toujours et encore ses connaissances. Dotée d’une double qualification de médecin et de chercheuse, elle souhaite apporter ses connaissances cliniques pour faire avancer la recherche en mycologie.
La première fois que Sarah a eu le droit d’aller chercher seule un magazine au point presse, elle n’a pas rapporté le journal de Mickey mais un numéro de Sciences et vie Junior spécial « Peste au Moyen âge ». Chercher à comprendre l’infectiologie est vite devenue son « hobby ».
A dix-sept ans, le bac en poche, départ pour le New-Jersey. Ses résultats scolaires sont excellents et elle fera partie de l’équipe de tennis de l’université de Fairleigh Dickinson où elle commence une licence de biologie, requise pour l’inscription en médecine aux USA.
Les voyages forment la jeunesse...
Studieuse et baroudeuse, Sarah a entrepris des stages et formations aux quatre coins du monde : aux Etats-Unis, à l’hôpital de Bogota en Colombie, aux urgences de Phnom Penh au Cambodge ou encore à l’université McGill à Montréal, au Canada…
De retour en France, elle s’inscrit en médecine à Nantes, qu’elle complète par un master 1 en microbiologie. Elle réalise son internat en microbiologie à Paris à l’APHP et prend une année de césure pour effectuer un master 2 d’infectiologie-immunologie, option mycologie, à l’Université Paris Descartes. Après plusieurs semaines de cours théoriques et de TP, elle s’envole de nouveau pour effectuer un stage de recherche de 10 mois à l’Université McGill au Canada (au sein de l’équipe du Dr Don Sheppard) sur son champignon de prédilection : Aspergillus fumigatus.
Sarah profite de ses congés pour s’investir dans de nouvelles expériences. Elle part dans la région d’Andhra Pradesh (Inde) pour une mission de solidarité internationale. D’orphelinats en orphelinats, elle présente des scénettes de théâtre aux enfants pour les sensibiliser aux maladies infectieuses et aux soins de premiers secours. Déterminée et curieuse, elle s’engage aussi pour des stages en infectiologie à l’hôpital de Bogotá, en Colombie, ou aux urgences de l’hôpital Calmette de Phnom Penh au Cambodge.
Etudier des champignons potentiellement mortels :
Entre 2020 et 2023, Sarah se consacre à sa thèse de science, à l’Institut Pasteur, pour tenter de comprendre les mécanismes sous-jacents entre l’immunité humaine et le champignon Aspergillus fumigatus. À ce jour, elle partage son temps entre l’Institut Pasteur et l’hôpital, où elle réalise des diagnostics en parasitologie ou en mycologie.
« C’est une grande chance pour moi de pouvoir mener des recherches à l’Institut Pasteur. Ici, je peux bénéficier de plateformes techniques incroyables : les plateformes Biomics, de protéomique, d’imageries, de biophysique moléculaire ou de RMN sont des atouts exceptionnels, dans un domaine toujours plus complexe. Les personnes qui y travaillent sont des experts et ils sont toujours prêts à nous accompagner. Nombre de mes projets n'auraient pas vu le jour sans eux. »
À l’Institut Pasteur, elle s’inspire des problèmes qu’elle rencontre à l’hôpital pour nourrir ses travaux. Grace à cette approche translationnelle, elle a pu comparer des échantillons de patients non-infectés et infectés. Ses observations ont mis en évidence que certaines protéines de l’immunité des patients infectés était manquante en comparaison aux autres.
Les questions auxquelles elle tente de répondre aujourd’hui sont :
Le champignon est-il capable de détruire ces protéines de l’immunité ?
Le système immunitaire du patient était-il défaillant avant l’infection ?
Ces protéines sont-elles totalement consommées lors de l’interaction entre le système immunitaire et le pathogène et en quantité insuffisante ?
Une de ces protéines, la protéine du surfactant D, permet d’inhiber la croissance du champignon et stimule la réponse immunitaire inflammatoire contre ce dernier. Cette protéine secrétée par nos cellules alvéolaires sert de façon primaire à maintenir la pression au niveau des alvéoles pulmonaires afin d’éviter qu’elles se collabent et nous permet de respirer. Elle est déjà utilisée chez les nourrissons prématurés pour leur permettre de mieux respirer. Elle n’est pas toxique et son utilisation pourrait être efficace en inhalation, soit en thérapie adjuvante, soit en prévention/prophylaxie chez les patients très immunodéprimés à risque de développer une aspergillose invasive.
Aujourd’hui, Sarah et son équipe tentent d’élucider le mécanisme antifongique exact de cette molécule et envisage la possibilité d’essais thérapeutiques dans un futur proche.
©Institut Pasteur – Valerie Zeitoun
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